Reflet
Ici, vous pourrez découvrir les reflets cachés de la maison de mon enfance. Une maison qui se remplie d'agitation lorsque la famille se rassemble en son intérieur. Alors, seuls les reflets restent calmes, toujours silencieux, toujours là.
Dans la chambre bleue, la fraicheur du matin s'engouffre par la fenêtre ouverte en chassant les restes lourds de la nuit. Quelques rayons de soleil réchauffent l'ambiance et les murs de la maison. J'ai toujours envie de me coucher à nouveau, m'envelopper dans ma lourde couette et m'assoupir doucement.
L'étroit et sombre couloir, avec ses murs de velours et le lustre aux gouttes de verre. Celui qui donne sur la salle de bain orange. En son bout, la petite chambre des enfants.Et les trois tableaux réalisées avec des ailes de papillons.
Et puis les derniers rayons de soleil dans le calme du petit salon,
où trône le portrait de mon arrière-arrière-grand-mère.
La vieille bibliothèque sur le palier de l'étage. Je suis restée devant pendant des heures, curieuse de tout ce que l'on y découvre, ne sachant plus ou porter mon attention. On y trouve toutes sortes de livres, des ouvrages médicaux, des livres de philo, des romans très célèbres et d'autres dont je n'ai jamais entendu le nom. De vieux livres abimés, avec la couverture déchirée et leurs pages tachetés qui sentent le renfermé.
Et puis cette ancienne collection du club des cinq...
Le reflet de l'a cuisine dans la grande fenêtre du petit salon. L'âme de la maison, l'endroit où tout le monde se rassemble pour déguster un bon chocolat chaud avec un bout de gâteau basque, ou de pastis landais.
La grosse ampoule de la salle de bain. Dans mon enfance, j'ai pris de nombreux bains dans cette baignoire.
Discrètement, les reflets se cachent dans l'angle d'un tableau, dans le creux d'un verre. Ils passent inaperçus, loin des regards, ils observent en riant de ne pas être remarqués.
Le reflet, c'est notre vie sans odeur, sans son, cloisonnée dans une seule dimension.
Un fragment de la réalité, quelques détails manquent et nous sommes libre d'interpréter. Il ne sert à rien, sinon à être contemplé. C'est vrai qu'il sait être beau.
Avec lui on voyage dans nos pensées, on imagine d'où il vient, ce qu'il veut dire, il a un côté très mystérieux, presque mystique. Au travers des reflets je sens la vie autrement.
C'est une vie dynamique, une représentation où tout se mêle et se superpose. La poésie est autre, elle est douce, rassurante, maitrisable.
Pourtant, les surfaces qui reflètent sont souvent froides et inertes, faites de marbre, de verre ou encore de plastique.
Je travail dur pour faire parler un reflet. Il me faut me positionner d'une façon bien précise. Apres plusieurs tentatives, j'ai parfois la chance d'avoir sur ma rétine l'image que j'imaginais, plus belle encore que dans ma pensée, plus étrange aussi.
C'est quelque chose que j'aime chez le reflet, c'est qu'il change en fonction de ma position. Il peut alors prendre une toute autre allure.
Les reflets sont pour moi des témoins silencieux de la vie, et ils n'existent qu'au travers de mon oeil qui les capte.
Emilie